Du 13
octobre 2012 au 20 janvier 2013, le Musée des beaux-arts de Montréal présentait
74 chefs-œuvres impressionnistes dans le cadre d’une tournée internationale
organisée par le prestigieux Sterling and Francine Clark Art Institute. Après
un passage remarqué à Madrid, Milan, Giverny, Barcelone, Fort Worth et Londres,
c’est à Montréal que l’exposition Il était
une fois l’impressionnisme était présentée en exclusivité canadienne. Il
s’agissait donc d’une chance unique de pouvoir observer les œuvres des maîtres
de l’école de Barbizon, de l’impressionnisme, de l’académisme et du
postimpressionnisme.
Un peu d’histoire : l’impressionnisme
Claude Monet (1840-1926) Impression, soleil levant 1872 Huile sur toile 48 x 63 cm Musée Marmottan Monet, Paris |
« Que représente cette toile ?
Impression ! Impression, j’en étais sûr. Je me disais aussi puisque je suis
impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans. »
— Louis Leroy, 25 avril 1874
C’est à la
suite de la première exposition de 1874 réunissant plusieurs artistes
indépendants que Leroy, critique d’art réputé de l’époque, exprime ces
commentaires teintés de sarcasme en évoquant le célèbre tableau de Claude Monet
(1840-1926) Impression, soleil levant.
Le terme impressionnisme est ainsi un terme péjoratif né de la critique de
Leroy visant à discréditer le travail de ces artistes.
Bien que l’on associe les débuts de
l’impressionnisme à l’exposition de 1874, la touche frétillante ainsi que les
sujets si caractéristiques de ces œuvres remontent au début du siècle avec J.M.W.
Turner (1775-1851) et John Constable (1776-1837). Rendant bel et bien l’impression d’un moment précis d’une part
chez Turner par la dissolution des formes et d’autre part chez Constable par des
empâtements grossiers et par une vision honnête (quoique quelque peu idéalisée)
de la réalité, les œuvres de ces artistes ont largement influencé la peinture
française du XIXe siècle. Notons aussi qu’un peu plus tardivement, Eugène
Boudin (1824-1898) est l’un des premiers Français à peindre en plein air, une
pratique fortement ancrée dans les traditions impressionnistes. Les artistes de
l’école de Barbizon poursuivent cette lancée en peignant la forêt de
Fontainebleau à de multiples reprises.
Eugène Boudin (1824-1898) Fête dans le port de Honfleur c.1858 Huile sur panneau 41 x 59,3 cm National Gallery of Art, Washington |
Joseph Mallord William Turner (1775-1851) Pluie, vapeur, vitesse 1844 Huile sur toile 90,8 x 123 cm National Gallery, Londres |
John Constable (1776-1837) La charrette de foin 1821 Huile sur toile 130 x 185 cm National Gallery, Londres |
Même si l’impressionnisme s’est d’abord imposé
en France grâce à une poignée d’artistes, son influence a dépassé les
frontières : le mouvement séduit de nombreux peintres, comme John Singer
Sargent (1856-1925) et Mary Cassatt (1844-1926). Cette dernière devient même la
première femme à intégrer le cercle impressionniste à Paris grâce à Edgar Degas
(1834-1917) qui voit en elle un grand potentiel artistique. Degas initie
d’ailleurs sa jeune protégée à l’estampe, une pratique encore marginale à
l’époque chez les artistes européens mais dont l’esthétique japonisante charme rapidement
le public.
Mary Cassatt (1844-1926) Offrant le panal au torero 1873 Huile sur toile 100 x 85,1 cm Sterling and Francine Clark Institute |
Edgar Degas (1834-1917) La petite danseuse de quatorze ans 1881 Sculpture de bronze 98 x 35,2 x 24,5 cm National Gallery of Art, Washington |
John Singer Sargent (1856-1925) Carnation, Lily, Lily, Rose 1885-1886 Huile sur toile 174 x 153,7 cm Tate, Londres |
L’instantanéité,
une touche frétillante, des sujets empreints de modernité (l’industrialisation,
les loisirs urbains et la prostitution sont parmi les motifs les plus prisés)
et une pratique en plein air sont les principales caractéristiques de ce
mouvement qui aura marqué la rupture de l’art contemporain avec l’académisme,
cet art officiel affiché partout dans les Salons. Notons aussi que les peintres
impressionnistes se démarquent des académistes par leur subjectivité artistique
qui veut que le peintre reproduise ce qu’il
voit sans idéalisation aucune.
Vous vous doutez sûrement que je
suis allée voir l’exposition Il était une
fois l’impressionnisme il y a déjà plusieurs mois. Pour ceux qui n’ont
malheureusement pas pu s’y rendre, je vous conseille le magnifique catalogue de
l’exposition. Au cours de votre lecture, vous y découvrirez les œuvres exposées
et pourrez en apprendre davantage sur celles-ci puisque chaque pièce est
largement commentée par les auteurs. Bien plus qu’une revue impressionniste,
l’exposition s’attardait aussi à ce qui précède le mouvement : quelques
œuvres de Camille Corot (1796-1875) ainsi que de Théodore Rousseau (1812-1867) (deux
éminents représentants de l’école de Barbizon) y sont exposées, rendant ainsi
le développement de l’impressionnisme plus compréhensible aux néophytes.
Par ailleurs l’exposition permettait aux visiteurs de se familiariser avec quelques autres artistes faisant carrière à la même époque mais n’ayant nullement adhéré à la branche impressionniste. On parle évidemment des peintres « officiels » comme William Bouguereau (1825-1905), Jean-Léon Gérôme (1824-1904) et James Tissot (1836-1902) ou encore de ceux qui ont poussé l’avant-garde jusqu’à sa prochaine destination, comme Pierre Bonnard (1867-1947), Toulouse-Lautrec (1864-1901) ou Paul Gauguin (1848-1903). Par ces œuvres, le visiteur saisit davantage la diversité artistique du XIXe siècle.
Chez les impressionnistes, Pierre-Auguste Renoir
(1841-1919) occupe, non sans surprise, une grande partie de cette exposition.
On s’en serait douté : Renoir est en effet l’un des peintres
impressionnistes les plus connus du public, d’abord pour ses magnifiques
portraits de femmes, mais aussi pour ses nombreuses natures mortes dont la
vibrance chromatique fascine le regard.
Camille Corot (1796-1875) Les baigneuses des îles Borromées 1865-1870 Huile sur toile 79,1 x 56,7 cm Sterling and Francine Clark Institute |
Théodore Rousseau (1812-1867) La ferme dans les Landes 1844-1867 Huile sur toile 64,8 x 99,1 cm Sterling and Francine Clark Institute |
Jean-Léon Gérôme (1824-1904) Charmeur de serpents c.1879 Huile sur toile 82,2 x 121 cm Sterling and Francine Clark Institute |
William Bouguereau (1825-1905) Nu assis 1884 Huile sur toile 116,5 x 89,8 cm Sterling and Francine Clark Institute |
James Tissot (1836-1902) Chrysanthèmes c.1874-1876 Huile sur toile 118,4 x 76,2 cm Sterling and Francine Clark Institute |
Par ailleurs l’exposition permettait aux visiteurs de se familiariser avec quelques autres artistes faisant carrière à la même époque mais n’ayant nullement adhéré à la branche impressionniste. On parle évidemment des peintres « officiels » comme William Bouguereau (1825-1905), Jean-Léon Gérôme (1824-1904) et James Tissot (1836-1902) ou encore de ceux qui ont poussé l’avant-garde jusqu’à sa prochaine destination, comme Pierre Bonnard (1867-1947), Toulouse-Lautrec (1864-1901) ou Paul Gauguin (1848-1903). Par ces œuvres, le visiteur saisit davantage la diversité artistique du XIXe siècle.
Paul Gauguin (1848-1903) Jeune chrétienne 1894 Huile sur toile 65,3 x 46,7 cm Sterling and Francine Clark Institute |
Toulouse-Lautrec (1864-1901) L'attente c.1888 Huile sur toile 56,2 x 47 cm Sterling and Francine Clark Institute |
Pierre Bonnard (1867-1947) Femmes au chien 1891 Huile sur toile 41 x 32 cm Sterling and Francine Clark Institute |
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) Oignons 1881 Huile sur toile 39,1 x 60,6 cm Sterling and Francine Clark Institute |
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) Baigneuse blonde 1881 Huile sur toile 81,6 x 65,4 cm Sterling and Francine Clark Institute |
Bref, une
exposition d’envergure magnifiquement rendue par son catalogue richement
illustré et commenté.
Reproductions :
Google Images
*Les reproductions dont l’auteur est en gras dans la
légende sont commentées dans le catalogue de l’exposition.
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