Cela fait
déjà un bon moment que cette exposition n’est plus présentée — et pour cause,
les photos que je vous présente ici datent de janvier dernier, lorsque je suis
allée voir l’exposition Denis Gagnon
s’expose —, mais puisque depuis quelques semaines, je n’ai pas beaucoup
parlé mode, vêtements ou tendances, j’ai décidé de vous exposer ces petites
merveilles et d’ajouter quelques faits historiques intéressants en lien avec
les pièces présentées. Bref, l’exposition est une excuse pour vous parler un
peu de l’histoire de la mode…
C’est
donc en janvier 2011 que le Musée des beaux-arts de Montréal a présenté cette
courte exposition où l’Opéra de Montréal était à l’honneur : costumes,
accessoires, maquettes, esquisses et partitions provenant de la collection
privée de l’Opéra sont présentés au grand public. Et comme les costumes sont
une composante essentielle de l’opéra (autant qu’au cinéma ou au théâtre)
puisqu’ils situent les spectateurs dans le temps et l’espace, l’exposition en
présentait quelques-uns, chacun étant sélectionné des diverses productions.
Le saviez-vous ? — L’Opéra et ses costumes
en chiffres.
L’Opéra de
Montréal a été fondé il y a maintenant un peu plus de trente ans, soit en 1980.
Plus de 93 opéras auront été interprétés et les quelques 970 représentations
auront accueillies plus de deux millions d’auditeurs et de téléspectateurs. En
trente ans, plusieurs costumes auront été confectionnés : 4 500 costumes
provenant de 27 productions font d’ailleurs partie de la collection privée de
l’Opéra de Montréal.
Personnage : Manon Opéra : Manon (Jules Massenet, [1842-1912]) Production Opéra de Montréal, 1999 Conception : Michel Beaulac |
Personnage : Manon Opéra : Manon (Jules Massenet, [1842-1912]) Production Opéra de Montréal, 1999 Conception : Michel Beaulac |
Remarquez
la forme de sablier de cette silhouette. D’abord créée par l’aspect du
décolleté savamment étudié, la poitrine est mise en valeur; ensuite, le port de
la crinoline et divers rembourrages, les hanches deviennent proéminentes. C’est
par cette ingénieuse combinaison que la taille de la silhouette parait plus
fine… Mais il existe un troisième élément clé qui rend cette silhouette si
parfaite, si recherchée par la bourgeoisie et la royauté lorsque, pour la
première fois, Jules Massenet présente son opéra en 1884 : il s’agit du
corset.
Un peu d’histoire — Corsets
On croit que
les premiers corsets remonteraient à 1700 av. J.-C. (il ne s’agirait que de cas
isolés où, par exemple en Crête, on nouait une large ceinture de cuir autour de
sa taille). Cependant, l’image actuelle que l’on a du corset — ce sous-vêtement
de forme conique servant à rehausser la poitrine et à affiner la taille des
femmes — a fait son apparition à la Renaissance.
Corset, 1876 Royal Worcester Coset Company (Américain, 1864-1950) Matières : soie, coton, métal et os Source : The Metropolitan Museum of Art Collection |
Corset, 1900-1905 (Américain) Matières : coton, soie, acier Source : The Metropolitan Museum of Art Collection |
Corset, fin du XVIIIe siècle (Probablement espagnol) Matière : soie Source : The Metropolitan Museum of Art Collection |
Un corset est composé de quatre éléments : au moins d’une épaisseur de coutil, une toile de coton très dense, donc conférant déjà une certaine rigidité au vêtement; d’un busc, soit une large lame de bois de métal d’ivoire ou d’os (selon les époques) que l’on pose au devant du vêtement, créant ainsi cette rigidité parfaite; les baleines que l’on fabrique avec des fanons de baleines (leur usage devient si populaire au XIXe siècle, qu’il met la baleine en danger d’extinction); et enfin, d’un laçage avec œillets généralement posé au dos du corset. Ces éléments imposent un maintien parfait de la silhouette en empêchant le moindre mouvement.
Corset, XVIe siècle Matière : fer Source : wikimedia.org |
Évidemment, le
corset n’est pas sans dommage pour les corps de celles qui le porte. Une
déformation du corps laisse en effet ses traces : les organes internes
sont compressés et déplacés, les os de la cage thoracique se chevauchent. Les
corsets aboutissent donc à une déformation du squelette. Même si la taille fine
de l’Impératrice Élisabeth a de quoi impressionner (son obsession de la beauté
la pousse à conserver un tour de taille de 50 cm), celle de Catherine de
Médicis est tout simplement renversant : 33 cm. Un exploit que seule Ethel
Granger a réussi au siècle dernier.
Ethel Granger Source: Google Images |
Il est par
ailleurs amusant de noter que le corset n’étaient pas seulement réservé à la
gente féminine : en effet, à une certaine époque, les hommes portaient eux
aussi des corsets pour affiner leur silhouette, comme le démontre cette
publicité.
Publicité de corsets pour hommes, 1893 Source : wikipedia.org |
Comme quoi les
femmes n’étaient pas les seules à se soucier de leur apparence !
Personnage : Des Grieux Opéra : Manon (Jules Massenet [1842-1912]) Production Opéra de Montréal, 1999 Conception : Michel Beaulac |
Personnage : Des Grieux Opéra : Manon (Jules Massenet [1842-1912]) Production Opéra de Montréal, 1999 Conception : Michel Beaulac |
Le détail de cette photo représente un jabot. Il s’agit tout simplement d’une cascade de volants fait de dentelle ou de mousseline bordé de dentelle que l’on attachait au plastron ou qui faisait partie du col de la chemise. Le jabot est le successeur de la fraise, et précède la cravate.
Personnage : Cio-Cio San Opéra : Madama Butterfly (Madame Butterfly) (Giacomo Puccini [1858-1924]) Production Opéra de Montréal, 2002 Conception : Anibal Lapiz |
Personnage : Cio-Cio San Opéra : Madama Butterfly (Madame Butterfly) (Giacomo Puccini [1858-1924]) Production Opéra de Montréal, 2002 Conception : Anibal Lapiz |
Un peu d’histoire — Japonisme
Le japonisme est un courant
artistique caractérisé par l’influence de l’art japonais, mais surtout de
l’ukiyo-e, ces estampes japonaises (ou gravures sur bois) et ces peintures
réalisées entre le XVIIe et XXe siècles. Le Japon influence ainsi les artistes
occidentaux et il en découle une vaste collection d’œuvres d’art.
Claude Monet (1840-1926) La Japonaise Madame Monet en costume japonais 1876. Huile sur toile, 231,8 x 142,3 cm Source : wikipedia.org |
James McNeill Whistler (1834-1903) La Princesse du pays de la porcelaine 1864. Huile sur toile. Source : wikipedia.org. |
Alfred Stevens (1823-1906) La Parisienne japonaise, 1872. Huile sur toile, 105 x 150 cm. Source : wikipedia.org. |
L’art japonais
a non seulement inspiré des centaines d’artistes de par l’Occident, mais il a
aussi beaucoup influencé l’habillement. Des kimonos tissés dans de riches et
somptueuses étoffes brodées suscitent un vif intérêt chez les Européens, qui
les adoptent presque immédiatement, faisant des kimonos leurs nouvelles robes
de chambre. Certains kimonos sont refaçonnés à l’occidentale : on taille à
même le kimono et on crée ainsi une toute nouvelle tenue, comme c’est le cas
pour la robe ci-dessous.
Mythifié, le
Japon a fasciné l’imaginaire des Européens de par son exotisme, qui se retrouve
transposé dans ses arts et ses vêtements. Les Expositions universelles, d’abord
celle de Paris en 1867 où les provinces de Satsuma, Shogunate et Saga sont
représentées, n’ont fait qu’alimenter cette soif d’exotisme. Et encore
aujourd’hui, cette fascination ne s’est toujours pas essoufflée.
Finalement, quelques images
supplémentaires de l’exposition…
*Toutes les photos de ce billet (sauf mention du
contraire) ont été prises par l’auteure durant l’exposition L’Opéra de Montréal loge au Musée. Les
légendes décrivant ces photos proviennent elles aussi de l’exposition et ont
été retranscrites dans le seul et unique but de fournir des informations
supplémentaires aux lecteurs. Par ailleurs, les images représentant la robe et
la robe de chambre du mouvement japonisme ont été numérisées par l’auteure et
proviennent (comme mentionné plus haut), du livre Fashion : une histoire de la mode
du XVIIIe au XXe siècle. Les légendes accompagnant ces images ont
été retranscrites de ce livre. Veuillez vous référer aux Mentions légales pour
toutes informations relatives au Droit de la propriété intellectuelle.